Pictorial Series
Séries picturales — un récit en mouvement
Si l'on parle de « séries » pour décrire mon travail, c'est par commodité. En réalité, cette notion est artificielle. Mon processus est ouvert à l'accident, à l'inattendu : il ne se laisse pas enfermer dans un cadre rigide. Chaque série naît d'une précédente, s'en nourrit, s'y oppose parfois, avant de se fondre dans la suivante. Elles sont poreuses, évolutives, traversées de dialogues souterrains, et se réécrivent sans cesse. Elles se croisent, se contaminent, se transforment — comme des continents en dérive qui se heurtent et se recomposent.
Chaque série est autonome, porteuse de sa propre identité formelle et conceptuelle, mais elle n'est jamais isolée. Elle est un fragment d'un tout plus vaste : une recherche intérieure qui s'écrit par strates visibles, sans hiérarchie ni point final. Comme dans un organisme vivant, chaque élément participe à l'ensemble, tout en conservant son intégrité.
Certaines explorent des notions scientifiques — chiralité, mouvement, perception du temps — en les tressant à des dimensions plus intuitives ou spirituelles. D'autres plongent dans la texture brute du geste, la puissance du rythme, ou l'émergence d'images mentales aux résonances mystiques. Le lien invisible entre ces univers est moins dans les sujets abordés que dans la manière dont ils se fécondent mutuellement : une couleur, une forme, une tension plastique peuvent migrer d'une série à l'autre, se métamorphoser et trouver une nouvelle vie ailleurs.
Ainsi, mon travail se déploie comme un flux perpétuel où les œuvres, au lieu de constituer des chapitres fermés, forment les vers d'un poème ininterrompu. Les séries ne sont que les points d'ancrage provisoires d'un mouvement plus large : celui d'une quête qui refuse la fixité, accueillant le hasard comme un complice et l'inattendu comme un guide.
Series pictóricas — un relato en movimiento
Si hablo de "series" para describir mi trabajo, es por comodidad. En realidad, el término es artificial. Mi proceso está abierto al accidente, a lo inesperado; se niega a quedar encerrado en un marco rígido. Cada serie nace de la anterior, se alimenta de ella, a veces se opone, para luego fundirse con la siguiente. Son porosas, evolutivas, atravesadas por diálogos subterráneos y en constante reescritura. Se cruzan, se contaminan, se transforman, como continentes a la deriva que colisionan y se recomponen.
Cada serie es autónoma, con su propia identidad formal y conceptual, pero nunca está aislada. Es un fragmento de un todo mayor: una investigación interior escrita en estratos visibles, sin jerarquía ni punto final. Como un organismo vivo, cada elemento contribuye al conjunto conservando su integridad.
Algunas exploran nociones científicas — quiralidad, movimiento, percepción del tiempo — entretejidas con dimensiones más intuitivas o espirituales. Otras se sumergen en la textura bruta del gesto, la fuerza del ritmo o la aparición de imágenes mentales con resonancias místicas. El vínculo invisible entre estos universos no está tanto en los temas como en la manera en que se fecundan mutuamente: un color, una forma, una tensión plástica pueden migrar de una serie a otra, metamorfosearse y encontrar nueva vida en otro lugar.
Así, mi trabajo se despliega como un flujo perpetuo donde las obras, en lugar de constituir capítulos cerrados, forman los versos de un poema ininterrumpido. Las series son solo puntos de anclaje provisionales dentro de un movimiento más amplio: una búsqueda que rehúye la fijeza, acogiendo el azar como cómplice y lo inesperado como guía.
Séries pictóricas — um relato em movimento
Quando falo em "séries" para descrever meu trabalho, é por conveniência. Na verdade, o termo é artificial. Meu processo está aberto ao acidente, ao inesperado; recusa-se a ser confinado em um quadro rígido. Cada série nasce da anterior, se alimenta dela, às vezes se opõe, para depois se fundir na seguinte. São porosas, evolutivas, atravessadas por diálogos subterrâneos e em constante reescrita. Cruzam-se, contaminam-se, transformam-se — como continentes à deriva que colidem e se recompõem.
Cada série é autônoma, com sua própria identidade formal e conceitual, mas nunca está isolada. É um fragmento de um todo maior: uma pesquisa interior escrita em camadas visíveis, sem hierarquia nem ponto final. Como um organismo vivo, cada elemento contribui para o conjunto preservando sua integridade.
Algumas exploram noções científicas — quiralidade, movimento, percepção do tempo — entrelaçadas com dimensões mais intuitivas ou espirituais. Outras mergulham na textura bruta do gesto, na força do ritmo ou no surgimento de imagens mentais com ressonâncias místicas. O elo invisível entre esses universos está menos nos temas do que na maneira como eles se fecundam mutuamente: uma cor, uma forma, uma tensão plástica podem migrar de uma série para outra, metamorfosear-se e ganhar nova vida em outro lugar.
Assim, meu trabalho se desdobra como um fluxo perpétuo em que as obras, em vez de constituírem capítulos fechados, formam os versos de um poema interminável. As séries são apenas pontos de ancoragem provisórios dentro de um movimento maior: uma busca que rejeita a fixidez, acolhendo o acaso como cúmplice e o inesperado como guia.
Pictorial Series — a narrative in motion
If I speak of "series" to describe my work, it is for convenience. In truth, the term is artificial. My process is open to accident and the unexpected — it refuses to be confined to a rigid framework. Each series is born from the previous one, feeds on it, sometimes opposes it, and then merges into the next. They are porous, evolving, interlaced with subterranean dialogues, and are constantly rewriting themselves. They intersect, contaminate, and transform — like drifting continents colliding and reshaping.
Each series is autonomous, carrying its own formal and conceptual identity, yet it is never isolated. It is a fragment of a larger whole: an inner research written in visible strata, without hierarchy or final point. Like a living organism, each element contributes to the whole while preserving its integrity.
Some explore scientific notions — chirality, movement, the perception of time — interwoven with more intuitive or spiritual dimensions. Others dive into the raw texture of gesture, the power of rhythm, or the emergence of mental images with mystical resonances. The invisible link between these universes lies less in the themes than in the way they fertilize each other: a color, a form, a plastic tension can migrate from one series to another, metamorphose, and find new life elsewhere.
Thus, my work unfolds as a perpetual flow where the artworks, instead of forming closed chapters, become the verses of an unending poem. The series are only provisional anchor points within a larger movement — a quest that rejects fixity, welcoming chance as an accomplice and the unexpected as a guide.
Energy
Série Énergie (Débutée en 2015)
Cette série marque le point de départ de mon aventure picturale. Intitulée rétrospectivement « Énergie », elle naît d'un besoin viscéral : traduire le mouvement par la forme, la texture et la couleur. Elle cristallise les premiers échos d'une recherche plus vaste sur le vivant, la vibration et les forces invisibles qui animent la matière.
À cette époque, je vivais une double immersion : d'un côté, mon quotidien d'ostéopathe équin, où chaque geste vise à restaurer l'harmonie des flux internes ; de l'autre, l'émergence de la peinture comme langage brut, immédiat, instinctif. Ces deux pratiques se sont intuitivement rencontrées, comme si elles partageaient une même origine, une même quête du « bon mouvement ».
J'écrivais alors :
« Je traite les chevaux comme je peins mes toiles.
Tout est une question de sensation, d'équilibre, de résonance.
Il y a une parenté profonde entre ces deux approches.
Dans l'une comme dans l'autre, je cherche à faire émerger un mouvement global, fluide, habité.
Qu'il s'agisse d'un corps vivant ou d'une surface picturale, il s'agit toujours de trouver le point d'harmonie, cet instant rare où tout s'aligne, où la forme devient fluide, où la tension s'efface. »
Peintes pour la plupart d'un seul souffle, lors de longues sessions immersives, ces premières toiles portent en elles l'urgence du début : celle de dire, de faire jaillir, d'atteindre sans détour une forme de vérité organique. Elles relèvent d'une transe plastique, d'une tentative de révélation par le geste. Je peins jusqu'à ce que la toile commence à vibrer d'elle-même, jusqu'à ce qu'elle m'échappe.
« J'arrête lorsque la toile bouge toute seule »
Ces œuvres sont brutes, parfois brutales. Elles ne cherchent pas à plaire mais à percer. Elles posent les fondations de tout ce qui viendra ensuite. Leurs empreintes, visibles ou souterraines, continuent de traverser mes séries ultérieures.
Elles inaugurent aussi mes premières fulgurances conceptuelles :
- Pas de mouvement sans énergie.
- L'énergie : à la fois force de propulsion et lien de cohésion.
- Argile du sculpteur cosmique.
- Peut-être une fausse dualité : matière ou lumière ? Onde ou particule ?
- Une nature ondulatoire du réel.
- L'espace, donc aussi le temps, donc l'espace-temps.
- Substance impalpable, essence abstraite, dont seule une expression poétique peut approcher l'évocation.
Cette série touche à quelque chose de métaphysique, d'instinctif, de presque mystique. Elle est une porte d'entrée. Elle parle du bonheur absolu : celui de sentir l'infini passer par le corps.
Une sélection de ces pièces a été présentée lors de mon premier solo show, « Motion Pursuit #001 », en juin 2017 au Studio Cénital, à Madrid. Un catalogue fut édité à cette occasion.
Serie Energíe (Iniciada en 2015)
Esta serie marca el punto de partida de mi aventura pictórica. Titulada retrospectivamente «Energía», nace de una necesidad visceral: traducir el movimiento a través de la forma, la textura y el color. Cristaliza los primeros ecos de una investigación más amplia sobre lo vivo, la vibración y las fuerzas invisibles que animan la materia.
En aquel entonces vivía una doble inmersión: por un lado, mi día a día como osteópata equino, donde cada gesto buscaba restaurar la armonía de los flujos internos; por otro, la aparición de la pintura como lenguaje bruto, inmediato, instintivo. Estas dos prácticas se encontraron de manera intuitiva, como si compartieran un mismo origen, una misma búsqueda del «buen movimiento».
Escribí entonces: «Trato a los caballos como pinto mis lienzos. Todo es una cuestión de sensación, de equilibrio, de resonancia. Hay una profunda afinidad entre estos dos enfoques. En ambos, busco que emerja un movimiento global, fluido, habitado. Ya sea en un cuerpo vivo o en una superficie pictórica, se trata siempre de hallar el punto de armonía, ese instante raro en el que todo se alinea, donde la forma se vuelve fluida y la tensión se disuelve».
Pintados en su mayoría de un solo aliento, durante largas sesiones inmersivas, estos primeros lienzos llevan en sí la urgencia del inicio: la de decir, de hacer brotar, de alcanzar sin rodeos una verdad orgánica. Son el resultado de una especie de trance plástico, de un intento de revelación a través del gesto. Pinto hasta que el lienzo comienza a vibrar por sí mismo, hasta que se me escapa. «Me detengo cuando el lienzo se mueve solo».
Estas obras son crudas, a veces brutales. No buscan agradar sino atravesar. Colocan los cimientos de todo lo que vendrá después. Sus huellas, visibles o subterráneas, siguen atravesando mis series posteriores.
También inauguran mis primeras fulguraciones conceptuales: No hay movimiento sin energía. La energía: a la vez fuerza de propulsión y vínculo de cohesión. Arcilla del escultor cósmico. ¿Quizá una falsa dualidad: materia o luz? ¿Onda o partícula? Una naturaleza ondulatoria de lo real. El espacio, y por lo tanto también el tiempo, y por lo tanto el espacio-tiempo. Sustancia impalpable, esencia abstracta, cuya evocación solo puede rozar una expresión poética.
Esta serie toca algo metafísico, instintivo, casi místico. Es una puerta de entrada. Habla de la felicidad absoluta: la de sentir el infinito atravesar el cuerpo.
Una selección de estas piezas fue presentada en mi primera exposición individual, «Motion Pursuit #001», en junio de 2017 en el Studio Cénital, en Madrid. Con motivo de ello se editó un catálogo.
Série Energia (Iniciada em 2015)
Esta série marca o ponto de partida da minha aventura pictórica. Intitulada retrospectivamente «Energia», nasce de uma necessidade visceral: traduzir o movimento por meio da forma, da textura e da cor. Ela cristaliza os primeiros ecos de uma pesquisa mais ampla sobre o vivo, a vibração e as forças invisíveis que animam a matéria.
Naquela época, eu vivia uma dupla imersão: de um lado, meu cotidiano como osteopata equino, em que cada gesto buscava restaurar a harmonia dos fluxos internos; de outro, o surgimento da pintura como linguagem bruta, imediata, instintiva. Essas duas práticas se encontraram intuitivamente, como se compartilhassem a mesma origem, a mesma busca pelo "bom movimento".
Escrevi então: «Trato os cavalos como pinto minhas telas. Tudo é uma questão de sensação, equilíbrio, ressonância. Existe um parentesco profundo entre essas duas abordagens. Em ambas, busco fazer emergir um movimento global, fluido, habitado. Seja em um corpo vivo ou em uma superfície pictórica, trata-se sempre de encontrar o ponto de harmonia, esse instante raro em que tudo se alinha, em que a forma se torna fluida e a tensão se desfaz».
Pintadas na maioria das vezes de um só fôlego, em longas sessões imersivas, essas primeiras telas carregam em si a urgência do início: a de dizer, de fazer jorrar, de alcançar sem rodeios uma forma de verdade orgânica. Elas resultam de uma espécie de transe plástica, de uma tentativa de revelação pelo gesto. Pinto até que a tela comece a vibrar sozinha, até que me escape. «Paro quando a tela se move sozinha.»
Essas obras são brutas, às vezes brutais. Não buscam agradar, mas atravessar. Elas lançam as fundações de tudo o que virá depois. Suas marcas, visíveis ou subterrâneas, continuam atravessando minhas séries posteriores.
Elas também inauguram minhas primeiras fulgurações conceituais: Não há movimento sem energia. A energia: ao mesmo tempo força de propulsão e elo de coesão. Argila do escultor cósmico. Talvez uma falsa dualidade: matéria ou luz? Onda ou partícula? Uma natureza ondulatória do real. O espaço, e portanto também o tempo, e portanto o espaço-tempo. Substância impalpável, essência abstrata, cuja evocação só uma expressão poética pode tentar alcançar.
Essa série toca em algo metafísico, instintivo, quase místico. É uma porta de entrada. Fala da felicidade absoluta: a de sentir o infinito atravessar o corpo.
Uma seleção dessas peças foi apresentada na minha primeira exposição individual, «Motion Pursuit #001», em junho de 2017 no Studio Cénital, em Madri. Um catálogo foi editado nessa ocasião.
Energie Series (Begun in 2015)
This series marks the starting point of my pictorial journey. Retrospectively titled "Energy," it was born from a visceral need: to translate movement through form, texture, and color. It crystallizes the first echoes of a broader research into life, vibration, and the invisible forces that animate matter.
At that time, I was living a double immersion: on one side, my daily work as an equine osteopath, where every gesture aimed to restore the harmony of internal flows; on the other, the emergence of painting as a raw, immediate, instinctive language. These two practices intuitively converged, as if they shared the same origin, the same pursuit of the "right movement".
I wrote then: «I treat horses the way I paint my canvases. Everything is a matter of sensation, balance, resonance. There is a deep kinship between these two approaches. In both, I strive to bring forth a global, fluid, inhabited movement. Whether it is a living body or a pictorial surface, it is always about finding the point of harmony, that rare instant when everything aligns, when form becomes fluid, when tension dissolves».
Painted mostly in a single breath, during long immersive sessions, these first canvases carry the urgency of beginnings: the urge to speak, to burst forth, to reach without detour a form of organic truth. They emerge from a plastic trance, a revelation attempted through gesture. I paint until the canvas begins to vibrate on its own, until it slips away from me. «I stop when the canvas moves by itself».
These works are raw, sometimes brutal. They do not seek to please but to pierce. They lay the foundations for everything that will follow. Their imprints, visible or underground, continue to flow through my later series.
They also inaugurate my first conceptual flashes: No movement without energy. Energy: at once a propelling force and a cohesive bond. Clay of the cosmic sculptor. Perhaps a false duality: matter or light? Wave or particle? A wave-like nature of reality. Space, and therefore also time, and therefore space-time. An intangible substance, an abstract essence, which only a poetic expression can begin to evoke.
This series touches something metaphysical, instinctive, almost mystical. It is an entryway. It speaks of absolute bliss: that of feeling infinity flow through the body.
A selection of these works was presented at my first solo show, "Motion Pursuit #001", in June 2017 at Studio Cénital, Madrid. A catalogue was published on that occasion.
Timelapse motion pursuit #001 (52 s.)
Brothers Film Real #001 (7.36 m)
Magic sockets (15 s.)
Kiralite
Série Kiralité (débutée en 2017)
J'écris Kiralité, avec un «K», comme un clin d'œil crypté — une déviation volontaire, un infime glissement qui rend visible l'invisible. Ce n'est pas une faute, c'est une faille assumée. Un espace d'écart où peut s'insinuer la poésie.
La chiralité, en chimie, désigne cette propriété troublante de certaines molécules : bien qu'identiques dans leur composition, elles existent en deux versions symétriques, comme des mains opposées — images miroir non superposables. Deux entités rigoureusement semblables, et pourtant aux effets parfois radicalement différents.
Ce paradoxe a ouvert une brèche en moi. Pourquoi le vivant choisit-il systématiquement une seule version ? Pourquoi l'univers ne retient-il qu'un côté du miroir pour bâtir son architecture intime ? Ce déséquilibre originel, ce parti-pris inscrit dans la matière elle-même, m'a hanté.
Depuis, mes toiles ont commencé à parler ce langage-là. J'ai initié un rituel pictural à deux mains, à deux toiles. Je peins en va-et-vient, comme on improvise à deux voix -deux voies-, d'une surface à l'autre, en miroir. À la manière d'un solo de jazz qui bifurque à chaque instant, l'œil à l'affût d'une réponse qui n'arrivera jamais tout à fait comme prévue. Parfois même, j'ai tenté le geste ambidextre : l'une de la droite, l'autre de la gauche. Mais le résultat visuel m'importait moins que l'expérience elle-même — cette désynchronisation volontaire, ce chaos fécond.
Un axe de symétrie brisé hante désormais mes compositions. Une duplication bancale, un reflet infidèle, une tension fragile entre le double et sa déformation. Comme si la toile elle-même hésitait entre l'ordre et la dissonance, entre la structure et l'écart.
Peu à peu, ce principe a contaminé jusqu'à mon langage : je me suis surpris à remplacer instinctivement les «CH» et les «Q» par des «K», comme une façon de matérialiser dans la langue cette dissymétrie vibrante.
Kiralité est la série du miroir fendu, de l'unité fissurée, du double instable.
Elle parle d'un monde où deux vérités coexistent sans jamais se rejoindre tout à fait. D'un réel qui se plie, se tord, et se joue de nos tentatives de symétrie. D'un cheminement humain, où chaque choix — aussi infime soit-il — peut créer une divergence irréversible.
Elle évoque cette tension fondatrice entre le déterminé et l'imprévisible, entre le code génétique et la liberté du geste. Un battement d'aile imperceptible qui fait dévier toute trajectoire.
Serie Kiralidad (iniciada en 2017)
Escribo Kiralidad, con "K", como un guiño cifrado — una desviación voluntaria, un leve desliz que hace visible lo invisible. No es un error, es una grieta asumida. Un espacio de diferencia donde puede infiltrarse la poesía.
La quiralidad, en química, designa esa propiedad inquietante de ciertas moléculas: aunque idénticas en su composición, existen en dos versiones simétricas, como manos opuestas — imágenes especulares no superponibles. Dos entidades rigurosamente semejantes, y sin embargo de efectos a veces radicalmente distintos.
Esa paradoja abrió una fisura en mí. ¿Por qué lo vivo elige sistemáticamente una sola versión? ¿Por qué el universo conserva únicamente un lado del espejo para erigir su arquitectura íntima? Ese desequilibrio originario, esa toma de partido inscrita en la materia misma, me obsesionó.
Desde entonces, mis lienzos comenzaron a hablar ese lenguaje. Inicié un ritual pictórico a dos manos, a dos lienzos. Pinto en vaivén, como quien improvisa a dos voces —dos vías—, de una superficie a otra, en espejo. A la manera de un solo de jazz que bifurca a cada instante, el ojo atento a una respuesta que nunca llega exactamente como se esperaba. A veces incluso ensayé el gesto ambidiestro: uno con la derecha, otro con la izquierda. Pero el resultado visual me importaba menos que la experiencia misma — esa desincronización voluntaria, ese caos fecundo.
Un eje de simetría roto acecha desde entonces mis composiciones. Una duplicación torcida, un reflejo infiel, una tensión frágil entre el doble y su deformación. Como si el lienzo mismo vacilara entre el orden y la disonancia, entre la estructura y el desvío.
Poco a poco, este principio contaminó incluso mi lenguaje: me sorprendí sustituyendo instintivamente los "CH" y los "Q" por "K", como una manera de materializar en la lengua esa disimetría vibrante.
Kiralidad es la serie del espejo quebrado, de la unidad resquebrajada, del doble inestable.
Habla de un mundo donde dos verdades coexisten sin llegar nunca a unirse del todo. De un real que se pliega, se tuerce y se burla de nuestros intentos de simetría. De un recorrido humano, donde cada elección —por mínima que sea— puede generar una divergencia irreversible.
Evoca esa tensión fundadora entre lo determinado y lo imprevisible, entre el código genético y la libertad del gesto. Un aleteo imperceptible que desvía toda trayectoria.
Série Kiralidade (iniciada em 2017)
Escrevo Kiralidade, com "K", como um aceno cifrado — um desvio voluntário, um leve deslocamento que torna visível o invisível. Não é um erro, é uma fissura assumida. Um espaço de diferença onde a poesia pode se insinuar.
A quiralidade, na química, designa essa propriedade intrigante de certas moléculas: embora idênticas em sua composição, elas existem em duas versões simétricas, como mãos opostas — imagens em espelho que não podem ser sobrepostas. Duas entidades rigorosamente semelhantes, e no entanto com efeitos às vezes radicalmente diferentes.
Esse paradoxo abriu uma fenda em mim. Por que o vivo escolhe sistematicamente apenas uma versão? Por que o universo conserva apenas um lado do espelho para erguer sua arquitetura íntima? Esse desequilíbrio original, essa escolha inscrita na própria matéria, me assombrou.
Desde então, minhas telas começaram a falar essa linguagem. Iniciei um ritual pictórico a duas mãos, a duas telas. Pinto em vai e vem, como quem improvisa a duas vozes — dois caminhos —, de uma superfície à outra, em espelho. À maneira de um solo de jazz que se bifurca a cada instante, o olhar atento a uma resposta que nunca chega exatamente como se espera. Às vezes até tentei o gesto ambidestro: uma com a direita, outra com a esquerda. Mas o resultado visual importava menos do que a própria experiência — essa dessincronização voluntária, esse caos fértil.
Um eixo de simetria quebrado passou a assombrar minhas composições. Uma duplicação torta, um reflexo infiel, uma tensão frágil entre o duplo e sua deformação.
Como se a própria tela hesitasse entre a ordem e a dissonância, entre a estrutura e o desvio.
Pouco a pouco, esse princípio contaminou até minha linguagem: surpreendi-me substituindo instintivamente os "CH" e os "Q" por "K", como uma maneira de materializar na língua essa assimetria vibrante.
Kiralidade é a série do espelho partido, da unidade fissurada, do duplo instável.
Ela fala de um mundo onde duas verdades coexistem sem nunca se encontrar plenamente. De um real que se dobra, se torce e zomba de nossas tentativas de simetria.
De um percurso humano, em que cada escolha — por mais ínfima que seja — pode criar uma divergência irreversível.
Evoca essa tensão fundadora entre o determinado e o imprevisível, entre o código genético e a liberdade do gesto.
Um bater de asas imperceptível que desvia toda trajetória.
Kirality Series (Begun in 2017)
I write Kirality with a "K," as an encrypted wink — a deliberate deviation, a subtle shift that renders the invisible visible. It is not a mistake, but an assumed crack. A space of discrepancy where poetry can slip in.
Chirality, in chemistry, refers to the unsettling property of certain molecules: though identical in composition, they exist in two symmetrical versions, like opposite hands — mirror images that cannot be superimposed. Two entities rigorously alike, yet sometimes producing radically different effects.
This paradox opened a breach within me.
Why does life systematically choose only one version? Why does the universe hold on to just one side of the mirror to build its intimate architecture? This primal imbalance, this bias inscribed in matter itself, haunted me.
Since then, my canvases began to speak that language. I initiated a two-handed, two-canvas pictorial ritual. I paint in back-and-forth motion, as if improvising in two voices — two paths — from one surface to the other, in mirror. Like a jazz solo branching off at every instant, the eye on the lookout for a response that never arrives exactly as expected. Sometimes I even attempted the ambidextrous gesture: one with the right, the other with the left. But the visual result mattered less to me than the experience itself — that deliberate desynchronization, that fertile chaos.
A broken axis of symmetry now haunts my compositions. A skewed duplication, an unfaithful reflection, a fragile tension between the double and its distortion. As if the canvas itself were hesitating between order and dissonance, between structure and deviation.
Gradually, this principle even contaminated my language: I caught myself instinctively replacing "CH" and "Q" with "K," as a way of materializing in words that vibrant dissymmetry.
Kirality is the series of the fractured mirror,
of unity fissured,
of the unstable double.
It speaks of a world where two truths coexist without ever fully meeting.
Of a reality that bends, twists, and plays with our attempts at symmetry.
Of a human journey, where each choice — however small — may create an irreversible divergence.
It evokes that founding tension between the determined and the unpredictable, between genetic code and the freedom of gesture. An imperceptible wingbeat that shifts an entire trajectory.
Emergences
Série Émergences (débutée en 2018)
Cette série est née après mon installation à Paris, en 2018. J'y loue mon premier atelier indépendant à Montreuil. La création s'y est imposée comme un exutoire vital, un moyen de donner forme à ce qui m'échappait. Là est née l'envie, presque une nécessité, de canaliser ma peinture.
Non pas la contraindre, mais l'orienter — comme un jazzman déroule son solo dans le cadre d'une harmonie invisible, en quête d'un équilibre entre liberté et structure. La transition fut douloureuse : il s'agissait de contrôler pour libérer, de bâtir sans figer. Une quête paradoxale, fondatrice.
La série Émergences marque ce tournant intérieur : l'abstraction y devient un langage d'élévation, de pensée, d'architecture intérieure. Une exploration de la formalisation de concepts abstraits par la peinture abstraite.
Sur le plan formel, les lignes brutes et instinctives de mes premières toiles — vecteurs d'un mouvement pur, presque rythmique — commencent ici à se structurer.
Des aplats de couleurs apparaissent, contenues dans des formes poreuses, traversées de part en part par une énergie résiduelle.
À la différence d'un Alechinsky, où les formes se referment à l'intérieur du cadre, les miennes en débordent.
Elles fuient, s'échappent, témoignent de l'existence d'un dehors, d'un hors-cadre vivant. Un dehors qui respire, une tension constante entre le besoin d'ordre et l'appel du chaos, entre intention et spontanéité, entre forme et énergie.
Cette série reflète un moment charnière : celui où la volonté d'ordonner le geste rencontre la nécessité d'en préserver la charge intuitive. Une tentative de rendre visibles des idées sans trahir leur mystère. Comme la musique jazz, encore elle, où chaque note s'inscrit dans une grille tout en ouvrant des possibles : l'œuvre devient espace de négociation entre pensée et pulsation, entre abstraction mentale et matérialité vibrante.
Une partie de cette série fut exposée lors de mon quatrième solo show, « The Link », présenté en juin 2021 à l'Espace Mannes, à Paris.
Un catalogue a été édité à cette occasion.
Serie Emergencias (iniciada en 2018)
Esta serie nació tras mi instalación en París, en 2018. Allí alquilé mi primer taller independiente en Montreuil. La creación se impuso como un desahogo vital, una forma de dar cuerpo a lo que se me escapaba. De ahí surgió el deseo, casi la necesidad, de canalizar mi pintura.
No para constreñirla, sino para orientarla — como un jazzista que despliega su solo dentro de un marco de armonía invisible, en busca de un equilibrio entre libertad y estructura. La transición fue dolorosa: se trataba de controlar para liberar, de construir sin congelar. Una búsqueda paradójica, fundadora.
La serie Emergencias marca ese giro interior: la abstracción se convierte aquí en un lenguaje de elevación, de pensamiento, de arquitectura interior. Una exploración de la formalización de conceptos abstractos a través de la pintura abstracta.
En el plano formal, las líneas brutas e instintivas de mis primeros lienzos —vectores de un movimiento puro, casi rítmico— comienzan aquí a estructurarse. Aparecen zonas planas de color, contenidas en formas porosas, atravesadas de parte a parte por una energía residual.
A diferencia de un Alechinsky, donde las formas se cierran dentro del marco, las mías se desbordan. Huyen, se escapan, testimonian la existencia de un afuera, de un fuera de marco vivo. Un afuera que respira, una tensión constante entre la necesidad de orden y el llamado del caos, entre intención y espontaneidad, entre forma y energía.
Esta serie refleja un momento crucial: aquel en el que la voluntad de ordenar el gesto se encuentra con la necesidad de preservar su carga intuitiva. Un intento de volver visibles las ideas sin traicionar su misterio. Como la música jazz, otra vez, donde cada nota se inscribe en una cuadrícula y al mismo tiempo abre posibilidades: la obra se vuelve espacio de negociación entre pensamiento y pulsación, entre abstracción mental y materialidad vibrante.
Parte de esta serie fue expuesta en mi cuarta exposición individual, The Link, presentada en junio de 2021 en el Espace Mannes, en París.
Un catálogo fue editado con ese motivo..
Série Emergências (iniciada em 2018)
Esta série nasceu após minha mudança para Paris, em 2018. Foi lá que aluguei meu primeiro ateliê independente em Montreuil. A criação se impôs como um escape vital, uma forma de dar corpo ao que me escapava. Daí surgiu o desejo, quase a necessidade, de canalizar minha pintura.
Não para contê-la, mas para orientá-la — como um jazzista que desenrola seu solo dentro de uma harmonia invisível, em busca de um equilíbrio entre liberdade e estrutura. A transição foi dolorosa: tratava-se de controlar para liberar, de construir sem congelar. Uma busca paradoxal, fundadora.
A série Emergências marca essa virada interior: a abstração torna-se aqui uma linguagem de elevação, de pensamento, de arquitetura interior. Uma exploração da formalização de conceitos abstratos pela pintura abstrata.
No plano formal, as linhas brutas e instintivas das minhas primeiras telas — vetores de um movimento puro, quase rítmico — começam aqui a se estruturar. Surgem planos de cor, contidos em formas porosas, atravessadas de ponta a ponta por uma energia residual.
Ao contrário de um Alechinsky, em que as formas se fecham dentro da moldura, as minhas transbordam. Escapam, fogem, testemunham a existência de um fora, de um além-quadro vivo. Um fora que respira, uma tensão constante entre a necessidade de ordem e o chamado do caos, entre intenção e espontaneidade, entre forma e energia.
Esta série reflete um momento crucial: aquele em que a vontade de ordenar o gesto encontra a necessidade de preservar sua carga intuitiva. Uma tentativa de tornar visíveis as ideias sem trair o seu mistério. Como a música jazz, mais uma vez, em que cada nota se inscreve numa grade ao mesmo tempo em que abre possibilidades: a obra torna-se espaço de negociação entre pensamento e pulsação, entre abstração mental e materialidade vibrante.
Parte desta série foi exposta na minha quarta exposição individual, The Link, apresentada em junho de 2021 no Espace Mannes, em Paris.
Um catálogo foi editado nessa ocasião..
Emergences Series (begun in 2018)
This series was born after my move to Paris in 2018, when I rented my first independent studio in Montreuil. There, creation imposed itself as a vital outlet, a way of giving form to what was eluding me. From this arose the desire—almost a necessity—to channel my painting.
Not to constrain it, but to orient it — like a jazz musician unfolding a solo within the framework of an invisible harmony, seeking a balance between freedom and structure. The transition was painful: it was about controlling in order to release, building without freezing. A paradoxical, foundational quest.
The Emergences series marks this inner turning point: abstraction here becomes a language of elevation, of thought, of inner architecture. An exploration of how abstract concepts can be formalized through abstract painting.
On a formal level, the raw and instinctive lines of my first canvases — vectors of a pure, almost rhythmic movement — begin here to structure themselves. Color planes appear, contained within porous shapes, pierced through by a residual energy.
Unlike Alechinsky, where the forms close in within the frame, mine overflow. They leak out, escape, bearing witness to the existence of an outside, of a living off-frame. An outside that breathes, a constant tension between the need for order and the pull of chaos, between intention and spontaneity, between form and energy.
This series reflects a pivotal moment: when the will to order the gesture meets the necessity of preserving its intuitive charge. An attempt to make ideas visible without betraying their mystery. Like jazz music, again, where each note inscribes itself within a grid while opening up possibilities: the work becomes a space of negotiation between thought and pulse, between mental abstraction and vibrant materiality.
Part of this series was exhibited in my fourth solo show, The Link, presented in June 2021 at Espace Mannes in Paris.
A catalogue was published on that occasion.
Timelapse Link
L'Œuvre au Noir
Série L'Œuvre au Noir
Commencée en 2022 – Kuala Lumpur, Malaisie
Cette série a vu le jour à un moment décisif : mon installation en Asie du Sud-Est marquait le choix clair de me consacrer entièrement à la peinture. Plus de filet, plus d'à-côtés. Il fallait éprouver cette passion dans son dépouillement le plus total — l'exposer au feu du doute, la porter au creuset pour en tester l'or.
Pour cela, j'ai opté pour une forme d'ascèse :
- un seul support, brut, issu de surplus militaire ;
- une palette réduite au noir et au blanc ;
- une technique minimale, directe, sans repentir.
Cette radicalité volontaire était un retour à l'essentiel. Le noir et le blanc ne sont pas des non-couleurs : ce sont des forces premières, des tensions archaïques, des matières d'esprit. Travailler avec elles, c'était revenir à la source du contraste, à la forme nue, à l'ombre et à la lumière dans leur lutte primordiale. Mais c'était aussi faire l'expérience d'un mystère : celui de la transformation qui opère dans l'économie même du geste.
Le titre de la série est un clin d'œil assumé à la tradition alchimique : l'œuvre au noir est la première phase du Grand Œuvre, celle de la dissolution, du chaos fécond. Elle renvoie aussi au roman de Marguerite Yourcenar, dont les résonances philosophiques m'ont profondément marqué. Car il s'agit bien ici d'une quête — une quête de connaissance, de vérité, d'éveil intérieur par la matière.
Peindre devient alors une opération transmutatoire. L'artiste, comme l'alchimiste, manipule des éléments bruts pour provoquer une mutation qui dépasse l'intention, une ouverture vers l'invisible. Il ne s'agit pas de faire émerger une image, mais de révéler un processus.
Au fil de cette série, une compréhension décisive m'est apparue : ce qui m'importait n'était pas tant la polarité du noir et du blanc que leur relation, leur zone de friction et d'interpénétration. Là où ils se mêlent, se défient, s'épousent — naît une énergie nouvelle. L'Œuvre n'est pas dans le contraste, mais dans la danse des extrêmes.
Dans cet entre-deux mouvant s'ouvre un passage : Celui de la compréhension que l'essence se niche dans la connexion, dans la transcendance des clivages, le dépassement des dualités et une une perception plus fine du réel.
Ce basculement marque un tournant dans ma pratique. Il continue d'infuser mes recherches actuelles.
Expositions
L'Œuvre au Noir, solo show — GoDown Cultural Center, Kuala Lumpur (Malaisie), juin 2023.
L'Œuvre au Noir, solo show — Centre Culturel municipal, La Chapelle, Saint-Martin-de-Seignanx (France), octobre 2023.
Un catalogue a été édité à l'occasion de ces deux expositions.
Serie – La Obra en Negro
Empezada en 2022 – Kuala Lumpur, Malasia
Esta serie nació en un momento decisivo: mi instalación en el Sudeste Asiático marcaba la elección clara de dedicarme enteramente a la pintura. Sin red, sin actividades paralelas. Había que poner a prueba esta pasión en su despojo más total — exponerla al fuego de la duda, llevarla al crisol para probar su oro.
Para ello opté por una forma de ascesis:
- un único soporte, bruto, procedente de excedentes militares;
- una paleta reducida al negro y al blanco;
- una técnica mínima, directa, sin arrepentimiento.
Esta radicalidad voluntaria era un retorno a lo esencial. El negro y el blanco no son no-colores: son fuerzas primordiales, tensiones arcaicas, materias del espíritu. Trabajar con ellos era volver a la fuente del contraste, a la forma desnuda, a la sombra y la luz en su lucha primordial. Pero también significaba experimentar un misterio: el de la transformación que opera en la economía misma del gesto.
El título de la serie es un guiño asumido a la tradición alquímica: la obra en negro es la primera fase de la Gran Obra, la de la disolución, del caos fecundo. Remite también a la novela de Marguerite Yourcenar, cuyas resonancias filosóficas me marcaron profundamente. Pues aquí se trata de una búsqueda — de conocimiento, de verdad, de despertar interior a través de la materia.
Pintar se convierte entonces en una operación transmutatoria. El artista, como el alquimista, manipula elementos brutos para provocar una mutación que supera la intención, una apertura hacia lo invisible. No se trata de hacer emerger una imagen, sino de revelar un proceso.
A lo largo de esta serie, apareció una comprensión decisiva: lo que importaba no era tanto la polaridad del negro y del blanco como su relación, su zona de fricción e interpenetración. Allí donde se mezclan, se desafían, se abrazan — nace una energía nueva. La Obra no está en el contraste, sino en la danza de los extremos.
En ese entre-dos en movimiento se abre un pasaje: el de la comprensión de que la esencia se esconde en la conexión, en la trascendencia de las divisiones, en la superación de las dualidades y en una percepción más fina de lo real.
Este cambio marca un giro en mi práctica. Sigue alimentando mis investigaciones actuales.
Exposiciones
La Obra en Negro, exposición individual — GoDown Cultural Center, Kuala Lumpur (Malasia), junio 2023
La Obra en Negro, exposición individual — Centre culturel municipal, La Chapelle, Saint-Martin-de-Seignanx (Francia), octubre 2023
Un catálogo fue editado con motivo de estas dos exposiciones.
Série – A Obra em Negro
Iniciada em 2022 – Kuala Lumpur, Malásia
Esta série nasceu num momento decisivo: a minha instalação no Sudeste Asiático marcou a escolha clara de me dedicar inteiramente à pintura. Sem rede, sem atividades paralelas. Era preciso colocar à prova essa paixão em seu despojamento mais total — expô-la ao fogo da dúvida, levá-la ao cadinho para testar o seu ouro.
Para isso, optei por uma forma de ascese:
- um único suporte, bruto, proveniente de excedentes militares;
- uma paleta reduzida ao preto e ao branco;
- uma técnica mínima, direta, sem arrependimento.
Essa radicalidade voluntária era um retorno ao essencial. O preto e o branco não são não-cores: são forças primordiais, tensões arcaicas, matérias do espírito. Trabalhar com eles era regressar à fonte do contraste, à forma nua, à sombra e à luz na sua luta primordial. Mas era também experimentar um mistério: o da transformação que opera na própria economia do gesto.
O título da série é uma referência assumida à tradição alquímica: a obra em negro é a primeira fase da Grande Obra, a da dissolução, do caos fecundo. Remete também ao romance de Marguerite Yourcenar, cujas ressonâncias filosóficas me marcaram profundamente. Pois trata-se aqui de uma busca — de conhecimento, de verdade, de despertar interior através da matéria.
Pintar torna-se então uma operação transmutatória. O artista, como o alquimista, manipula elementos brutos para provocar uma mutação que ultrapassa a intenção, uma abertura para o invisível. Não se trata de fazer emergir uma imagem, mas de revelar um processo.
Ao longo desta série, surgiu uma compreensão decisiva: o que importava não era tanto a polaridade do preto e do branco, mas a sua relação, a sua zona de fricção e de interpenetração. Onde eles se misturam, se desafiam, se abraçam — nasce uma nova energia. A Obra não está no contraste, mas na dança dos extremos.
Nesse entremeio em movimento abre-se uma passagem: a compreensão de que a essência se esconde na conexão, na transcendência das divisões, na superação das dualidades e numa percepção mais fina do real.
Essa viragem marca um ponto de inflexão na minha prática. Continua a nutrir as minhas investigações atuais.
Exposições
Obra em Negro, exposição individual — GoDown Cultural Center, Kuala Lumpur (Malásia), junho 2023
A Obra em Negro, exposição individual — Centre culturel municipal, La Chapelle, Saint-Martin-de-Seignanx (França), outubro 2023
Um catálogo foi publicado por ocasião destas duas exposições.
Series – The Work in Black
Started in 2022 – Kuala Lumpur, Malaysia
This series emerged at a decisive moment: my move to Southeast Asia marked the clear choice to dedicate myself fully to painting. No safety net, no sidelines. This passion had to be tested in its most stripped-down form — exposed to the fire of doubt, carried into the crucible to test its gold.
To do so, I embraced a form of asceticism:
- a single support, raw, sourced from military surplus;
- a palette reduced to black and white;
- a minimal, direct technique, without repentance.
This voluntary radicalism was a return to the essential. Black and white are not non-colors: they are primal forces, archaic tensions, substances of spirit. Working with them meant returning to the source of contrast, to bare form, to shadow and light in their primordial struggle. But it also meant experiencing a mystery: the transformation that unfolds within the very economy of the gesture.
The title of the series is a deliberate nod to the alchemical tradition: the Work in Black is the first stage of the Magnum Opus, that of dissolution, of fertile chaos. It also echoes Marguerite Yourcenar's novel The Abyss, whose philosophical resonances deeply marked me. For this is indeed a quest — a quest for knowledge, truth, and inner awakening through matter.
Painting thus becomes a transmutational act. The artist, like the alchemist, manipulates raw elements to provoke a mutation that surpasses intention, an opening toward the invisible. It is not about producing an image, but about revealing a process.
Over the course of this series, a decisive realization came to me: what mattered was not so much the polarity of black and white as their relation, their zones of friction and interpenetration. Where they mingle, confront, and embrace — a new energy is born. The Work is not in contrast, but in the dance of extremes.
In this shifting in-between, a passage opens: the understanding that essence lies in connection, in the transcendence of divisions, the surpassing of dualities, and a finer perception of reality.
This shift marks a turning point in my practice. It continues to infuse my current research.
Exhibitions
The Work in Black, solo show — GoDown Cultural Center, Kuala Lumpur (Malaysia), June 2023
The Work in Black, solo show — Centre culturel municipal, La Chapelle, Saint-Martin-de-Seignanx (France), October 2023
A catalogue was published on the occasion of these two exhibitions.
Perspective
Série —Perspective—
Première série à connotation mystique, née en 2023.
Cette série a vu le jour à Rio de Janeiro, dans le sillage d'un nouveau déracinement. La ville, vibrante et plurielle, m'a immédiatement nourri de sa puissance poétique, de ses contrastes assumés, de sa spiritualité diffuse. Perspective marque un tournant dans mon parcours : elle s'inscrit dans une exploration plus ouverte du réel, de ses zones d'ombre et de lumière, de ses angles morts. C' est une tentative plastique d'approcher l'infinie complexité du réel, tout en assumant notre incapacité intrinsèque à le saisir pleinement.
Cette série interroge une question vertigineuse : qu'est-ce que le réel ? Face à son infinie complexité — et à notre impuissance à l'appréhender dans son ensemble — deux voies principales s'offrent à nous :
- la première, rationnelle, est celle de la science, qui invente des outils pour étendre le champ de nos perceptions et interroger le réel à l'aide du langage mathématique;
- la seconde, intérieure, est celle de la spiritualité, qui postule que l'accès à la vérité ultime passe par une plongée radicale en soi, à travers l'introspection, la méditation, voire l'ascèse.
Et si l'art, dans sa plasticité propre, permettait de réconcilier ces deux approches ? Et s'il offrait un terrain de jeu capable d'articuler logique et instinct, rêve et rigueur, matière et transcendance ? Comme une troisième voie. Un terrain fertile, non pas pour résoudre, mais pour faire dialoguer, un espace plastique capable d'articuler logique et vertige, structure et sensation, matière et mystère. Non pas pour conclure, mais pour suspendre le jugement. Un art qui avance à tâtons, qui doute, qui se transforme.Un art qui ne chercherait pas à trancher, mais à faire coexister.Un art-levier, un art-balancier.
La série Pespective s'inscrit dans cette voie : celle d'une tentative de mise en forme de l'invisible, de traduction sensible de ces dimensions imperceptibles à la seule pensée rationnelle. Elle propose un pas de côté — une mise à distance nécessaire — pour relativiser notre perception et ouvrir un espace de respiration. Elle invite à abandonner toute certitude, à goûter l'instabilité comme moteur de connaissance, et peut-être, à s'élever.
Cette série n'a pas encore été présentée au public.Cette série n'a pas encore été présentée au public.
Serie — Perspective—
Primera serie con connotación mística, nacida en 2023.
Esta serie surgió en Río de Janeiro, en el marco de un nuevo desarraigo. La ciudad, vibrante y plural, me alimentó de inmediato con su potencia poética, sus contrastes asumidos, su espiritualidad difusa. Perspective marca un punto de inflexión en mi recorrido: se inscribe en una exploración más abierta de lo real, de sus zonas de sombra y de luz, de sus ángulos ciegos. Es un intento plástico de aproximarse a la infinita complejidad de lo real, asumiendo al mismo tiempo nuestra incapacidad intrínseca de captarlo plenamente.
Esta serie interroga una pregunta vertiginosa: ¿qué es lo real?
Frente a su infinita complejidad —y nuestra impotencia para aprehenderlo en su totalidad— se abren dos vías principales:
- la primera, racional, es la de la ciencia, que inventa herramientas para ampliar el campo de nuestras percepciones e interrogar lo real mediante el lenguaje matemático;
- la segunda, interior, es la de la espiritualidad, que postula que el acceso a la verdad última pasa por una inmersión radical en uno mismo, a través de la introspección, la meditación o incluso la ascética.
¿Y si el arte, en su propia plasticidad, pudiera reconciliar estos dos enfoques? ¿Y si ofreciera un terreno fértil capaz de articular lógica e instinto, sueño y rigor, materia y trascendencia? Como un tercer camino. Un espacio no para resolver, sino para dialogar; no para concluir, sino para suspender el juicio.
Un arte que avanza a tientas, que duda, que se transforma. Un arte que no busca cortar, sino hacer coexistir. Un arte-palanca, un arte-equilibrio.
La serie Perspective se inscribe en esta vía: un intento de dar forma a lo invisible, de traducir sensiblemente esas dimensiones imperceptibles al solo pensamiento racional. Propone un desplazamiento —una distancia necesaria— para relativizar nuestra percepción y abrir un espacio de respiración. Invita a abandonar toda certeza, a saborear la inestabilidad como motor de conocimiento, y tal vez, a elevarse.
Esta serie aún no ha sido presentada al público.
Série —Perspective—
Primeira série com conotação mística, nascida em 2023.
Esta série surgiu no Rio de Janeiro, no rastro de um novo desenraizamento. A cidade, vibrante e plural, imediatamente me alimentou com sua potência poética, seus contrastes assumidos, sua espiritualidade difusa. Perspective marca uma virada no meu percurso: inscreve-se numa exploração mais aberta do real, de suas zonas de sombra e de luz, de seus ângulos mortos. É uma tentativa plástica de se aproximar da infinita complexidade do real, assumindo ao mesmo tempo nossa incapacidade intrínseca de apreendê-lo plenamente.
Esta série coloca uma questão vertiginosa: o que é o real?
Diante de sua infinita complexidade —e da nossa impotência em apreendê-lo em sua totalidade— abrem-se dois caminhos principais:
- o primeiro, racional, é o da ciência, que inventa ferramentas para ampliar o campo de nossas percepções e interrogar o real por meio da linguagem matemática;
- o segundo, interior, é o da espiritualidade, que postula que o acesso à verdade última passa por um mergulho radical em si mesmo, através da introspecção, da meditação ou até da ascese.
E se a arte, em sua própria plasticidade, pudesse reconciliar essas duas abordagens?
E se oferecesse um terreno fértil capaz de articular lógica e instinto, sonho e rigor, matéria e transcendência? Como um terceiro caminho. Um espaço não para resolver, mas para instaurar diálogo; não para concluir, mas para suspender o julgamento.
Uma arte que avança às cegas, que duvida, que se transforma. Uma arte que não busca cortar, mas coexistir. Uma arte-alavanca, uma arte-contrapeso.
A série Perspective inscreve-se nesse caminho: uma tentativa de dar forma ao invisível, de traduzir sensivelmente essas dimensões imperceptíveis ao pensamento racional. Propõe um desvio —um distanciamento necessário— para relativizar nossa percepção e abrir um espaço de respiração. Convida a abandonar certezas, a saborear a instabilidade como motor de conhecimento, e talvez, a elevar-se.
Esta série ainda não foi apresentada ao público.
Series — Do You See The Real?
First series with mystical overtones, born in 2023.
This series emerged in Rio de Janeiro, in the wake of yet another uprooting. The city, vibrant and plural, immediately nourished me with its poetic power, its bold contrasts, its diffuse spirituality.
Do You See The Real? marks a turning point in my journey: it unfolds as a more open exploration of reality, of its shadows and lights, of its blind spots. It is a plastic attempt to approach the infinite complexity of the real, while acknowledging our intrinsic inability to fully grasp it.
This series confronts a dizzying question: what is the real?
Faced with its infinite complexity —and our powerlessness to apprehend it as a whole— two main paths open up:
- the first, rational, is that of science, which invents tools to expand the field of our perceptions and questions reality through the language of mathematics;
- the second, inward, is that of spirituality, which claims that access to ultimate truth requires a radical plunge into oneself, through introspection, meditation, even asceticism.
And what if art, in its own plasticity, could reconcile these two approaches?
What if it offered a fertile ground where logic and instinct, dream and rigor, matter and transcendence could coexist? Like a third path. A space not to resolve, but to let dialogue unfold; not to conclude, but to suspend judgment.
An art that gropes forward, that doubts, that transforms. An art not meant to sever, but to make coexist. An art-lever, an art-balance.
The Do You See The Real? series follows this path: an attempt to shape the invisible, to sensitively translate those dimensions imperceptible to rational thought alone. It proposes a shift —a necessary distancing— to relativize our perception and open a space for breathing. It invites us to let go of certainties, to taste instability as a driver of knowledge, and perhaps, to ascend.
This series has not yet been presented to the public.